INCOMPIUTO
Roberto Giangrande
Postface de Roberto Ferrucci
Des squelettes d’habitations, feuilles mortes déposées à flanc de colline, colorent de leurs tuiles rouges l’un des plus beaux panoramas de la plage de Mondello. La collina del disonore est connue en Sicile pour ses résidences incomplètes, aux ouvertures sans fenêtres et aux façades nues, inoccupées depuis des années, existantes non vivantes. Cette image n’est pas rare en Italie. Le phénomène de l’incompiuto (l’inachevé) sévit dans toute la péninsule.
Des formes vides, suspendues dans l’espace et le temps, ponctuent le paysage de points d’interrogation. Ce sont plus de 1000 projets d’infrastructures qui sont abandonnés en cours ou en fin de construction, jamais mis en fonction, en raison de malfaçons, de montages financiers obscurs, de lourdeurs bureaucratiques ou de coûts de fonctionnement élevés. L’hôpital grisâtre sans patients de Carmine, l’autoroute piémontaise qui tombe dans un champ, le complexe fantôme de La Maddalena qui n’accueillera jamais le G8… Des œuvres ambitieuses, laissées en l’état, dessinant les contours d’un pays invisible.
L’ouvrage rassemble plus d’une cinquantaine d’inachevés photographiés par Roberto Giangrande, sous une lumière blanche, sans présence humaine, teintée d’un voile fané. Ses images nous transportent dans une récurrence de l’absurde où la mémoire des lieux ne se partage plus. Il s’avère impossible de construire des souvenirs avec les inachevés saisis entre un passé sans but et un futur indéfiniment différé.
À la fin de l’ouvrage, le texte de l’écrivain italien Roberto Ferrucci apporte des clés de lecture sur le contexte politique et social inhérent à l’incompiuto, mis en perspective avec le travail photographique minutieux de Giangrande.
Incompiuto est chargé d’indignation face à ces « infinies coulées de béton inutiles à la collectivité, utiles à ceux qui en ont tiré profit […] des crimes contre la collectivité, contre le bien commun » (extrait de la postface de l’écrivain Roberto Ferrucci).
Caractéristiques techniques
- Parution : 14 août 2024
- Photographies : Roberto Giangrande
- Postface : Roberto Ferruci
- Design graphique : Stefano Pallavisini
- Format : 16,8 x 23,4 cm /
- 128 pages – 50 photographies
- Tirage de 500 exemplaires en France (+ 500 exemplaires en Italie)
- Co-édition avec emuse
- Photographies sur Fedrigoni Symbol Tatami Ivory 115gr et texte sur Munken Print 120gr
- Livre broché dos cousu fil visible (orange)
- Cahier de début et de fin (4p) en Kraft
- Jaquette simulation filet de balisage orange en papier cartonné brillant
- ISBN : 9791095118275
- Prix public : 40 €
Presse et coups de coeur
Vous pouvez consulter et télécharger le kit de presse complet (visuels, couverture, maquette du livre et dossier de presse).
« Avec Incompiuto, Roberto Giangrande a conçu un livre très beau, de couleurs pâles, peau du temps abordé dans sa dimension sableuse, rendant compte d’une cinquantaine de ces formes de ciment souvent monstrueuses encombrant le paysage. […] Se présentant sous couverture kraft épaisse et jaquette simulant un filet orange en papier cartonné, Incompiuto est un très bel objet éditorial, sorte de mémorial précaire pour des équipements publics ou privés n’ayant jamais vu le jour. »
Fabien Ribery (chroniqueur) sur L’Intervalle
« Avec [ Roberto Giangrande ] on parcourt la péninsule en des paysages aux ciels gris ou d’un bleu éteint où se dessinent ces constructions de teinte claire. Des tons qui font penser à ceux des anciennes photos Polaroid qui vieillissaient si mal. Un choix tellement symbolique en opposition avec l’Italie des cartes postales. Chaque photo est accompagnée d’une légende en donnant le lieu, la localisation GPS, l’année de début et le pourcentage d’achèvement. Des ponts qui ne mènent à rien, des routes qui s’arrêtent sur le vide, les squelettes d’une gare, d’un planétarium, de bâtiments administratifs, une vertigineuse tour vide, la structure d’un parking, une piscine jamais remplie… Les édifices sont souvent gigantesques, ravageant d’autant plus les paysages ou les environnements citadins. Les sites se suivent, suscitant l’étonnement et l’incompréhension. Chaque page appelle la suivante. Une lecture hautement addictive qui s’achève avec un splendide texte d’analyse et de réflexion de l’écrivain et chroniqueur Roberto Ferrucci alors qu’une carte pointe les lieux photographiés. Quel travail utile, à la fois artistique et journalistique que ce livre! Il offre des heures de lecture riche menant à autant de réflexion et d’interrogation. D’empathie aussi. »
Lucie Cauwe (journaliste indépendante) sur le blog LuCie&Co